Numéro 2, 2022 : L'Afrique et le monde à l'heure virale.

Citation
Belhadi, Y. (2022). Planter, soigner, éclore : Myriam Mihindou, chamane du vivant. Global Africa.
Belhadi, Yasmine. Planter, Soigner, Éclore : Myriam Mihindou, Chamane Du Vivant. Global Africa, 2022.
Pages -
118 - 125
Date de sortie -
16 décembre 2022

En Français
Comment la pratique plastique et performative de l’artiste franco-gabonaise Myriam Mihindou peut-elle être à l’origine d’une réflexion sur le care ? Cet article répond à cette question par l’analyse de la vidéo La Robe envolée (2008), ainsi que de la série photographique Déchoucaj’ (2004-2006). Les « transperformances » représentées dans ces œuvres sont le moyen de guérir de blessures individuelles et collectives par des remèdes ancestraux venus de cultures traditionnelles animistes. Les conceptions du soin, des solidarités et de la nature que ces croyances venues d’Afrique composent constituent un horizon réparateur dans lequel Myriam Mihindou puise pour percevoir des alternatives aux blessures contemporaines. Les œuvres étudiées constituent ainsi des espaces émancipateurs dans lesquels les corps s’affranchissent des injonctions politiques et sociales. En développant de nouveaux imaginaires dans lesquels les hiérarchies sont abolies, l’artiste produit ce que l’on qualifie d’« esthétique du care décoloniale ». Dans un contexte où les séquelles coloniales et esclavagistes sont constamment ravivées, cette mise en œuvre du care devient un acte politique au potentiel critique et thérapeutique.
Mots-clés :
Care, esthétique, environnement, performance.
In English
How can the visual and performance practices of the Franco-Gabonese artist Myriam Mihindou be at the origin of a reflection on care? This article answers this question by analysing the video La Robe envolée [The Flying Dress] (2008) and the photographic series Déchoucaj’ (2004–2006). The ‘transperformances’ represented in these works are a means of healing individual and collective wounds through ancestral remedies from traditional religious cultures. The conceptions of care, solidarity and nature that these African beliefs are composed of constitute a healing horizon from which Myriam Mihindou draws to perceive alternatives to contemporary wounds. The works studied thus constitute emancipatory spaces in which bodies free themselves from political and social injunctions. By developing new imaginaries in which hierarchies are abolished, the artist produces what has been called a «decolonial aesthetic of care.» In a context where colonial legacies and legacies of slavery are constantly being revived, this implementation of care becomes a political act with critical and therapeutic potential.
Keywords :
Care, decoloniality, aesthetic, gender, environment, performance.